
Le Carnaval de Venise et la commedia dell arte
On ne peut échapper, à Venise, lorsque que l’on cherche des cartes postales à envoyer ou à garder en souvenir, aux cartes colorées représentant les personnages de la Commedia dell’Arte, et il n’est pas une année où un costumé ou groupe de costumés ne cherchent à reproduire, ou à s’inspirer, des personnages hauts en couleurs de ces cartes pour créer leurs costumes….
Même s’ils ne sont pas courants, il arrive aussi que l’on croise, à l’angle d’une ruelle, des masques à nez décorés portant les nom de zanni, capitani…..
Ces dessins sont tirés d‘un ouvrage de Maurice Sand, fils de Georges Sand, édité en 1860… Dans ce livre, monsieur Maurice Sand décrit les types principaux qui ont marqué la comédie italienne. Il a également dessiné, d’après des modèles encore existants au XIX ème siècle, souvent dans des collections privées, les personnages principaux et secondaires de la Commedia dell’Arte.
Le théâtre au Carnaval de Venise
C’est, qu’historiquement, le théâtre est indissociable du Carnaval de Venise, et que la Commedia dell’Arte en devient partie prenante à partir du XVI ème siècle….
Déjà, dès la seconde moitié du XV ème siècle, le carnaval à Venise s’affirme comme un temps de théâtre. Les compagnies de la Calza, associations de jeunes gentilshommes vénitiens, jouissant d’une grande autonomie et de la reconnaissance officielle de l’État, organisent les régates, les tournois, les cortèges masqués (ou mascarades) , les spectacles mimés (ou momarie)… Par décision de la République, les fêtes devaient se dérouler en plein air afin que tous les citoyens aient un accès gratuit à la représentation.
L’activité théâtrale devient la principale attraction du carnaval, et malgré des édits restrictifs tout au long du XVI ème siècle, le gouvernement vénitien ne peut empêcher que le peuple se passionne de plus en plus pour les spectacles.
L’opéra fera son apparition au Carnaval de Venise dans la deuxième moitié du XVII ème siècle.
La Commedia dell’Arte est l’élément le plus populaire de la théâtralité du carnaval.
La Commedia dell’Arte
Angelo Beolco, dit le Ruzzante, du nom du personnage paysan qu’il incarne à la scène, est considéré par Dario Fo, prix Nobel de littérature 1997, comme le père de la Commedia dell’Arte, même si on peut reconnaître à celle-ci une filiation avec la comédie latine atellane dans laquelle on trouve déjà l‘improvisation et le masque, dont un masque ressemblant à celui de Polichinelle.
Originaire de Padoue, à 50 km de Venise, ses pièces ont été très tôt introduites dans les festivités du carnaval, par l’intermédiaire des compagnies de la Colza, à la fois gardiennes de la tradition et ouvertes aux sollicitations extérieures et aux innovations.
Les premières pièces de la Commedia dell’Arte sont sous forme de canevas, une trame sur laquelle les acteurs brodent une œuvre changeante et incessamment rajeunie. Les comédiens s’incarnent dans un personnage proche et personnel qui leur est propre, d’où parfois les noms dérivés donnés au même personnage enrichi par la personnalité de tel ou telle interprète.
Principaux personnages de la Commedia dell’Arte
Pantalone : il est, marchand ou bourgeois, vieux, avare, crédule…. Il peut être tour à tour, selon ses différents interprètes, vieux garçon cherchant à se marier, veuf, époux ou père cherchant à marier ses deux filles.
Il porte une culotte ne faisant qu’une pièce avec les bas, à laquelle il a donné son nom, avec une volumineuse braguette, un gilet rouge étroit à grands boutons et par-dessus, une simarre, robe d’apparat portée par les sénateurs vénitiens. Il porte un masque brun avec un long nez crochu ainsi un couvre-chef sans bords.
Il a pour ami le Docteur.
Le docteur : C’est un savant, un homme de loi, quelquefois un médecin. Il parle de tout, a étudié fort longtemps toute sortes de sciences, mais il ne sait rien tout en citant des textes latins hors de propos… Certains comédiens qui ont incarné ce personnage en ont fait un savant érudit distribuant des citations latines, d’autres un ignorant, tournant ce caractère au comique.
Il est lourd et ridicule, a un gros ventre, est toujours vêtu de noir de la tête aux pieds et porte une grande fraise molle.
Le capitan : masque de couleur chair avec un nez proéminent, effroyables moustaches remontées, fraise empesée, feutre emplumé…. Soldat, il porte l’épée.
Vantard, mais lâche, il est une parodie de l’héroïsme militaire. C’est un fanfaron, un menteur... Il aime raconter ses prouesses, ses batailles et la galanterie n’en est pas des moindres. Il est toujours sûr de vaincre auprès des femmes.
Les zanni : ce sont les valets des précédents. Ils ont des caractères comiques qui vont de la ruse à la niaiserie, et savent profiter des défauts de leurs maîtres.
Ils peuvent prendre suivant les comédiens, les traits de Polichinelle, de Brighella, d’Arlequin, de Pierrot…. Les acteurs de la comédie improvisée pouvaient alors déployer tous leurs talents…
Dans la Commedia dell’Arte, les rôles de femmes sont joués par des comédiennes, et de grandes interprètes ont laissé la trace de leur nom de scène sur leurs personnages comme Isabella et Colombine.
sources : histoire du Carnaval de Venise, Gilles Bertrand, Pygmalion, Paris, 2013 Masques et bouffons, comédie italienne, Maurice Sand, Edition 1860 rééditée BnF hachette, Paris, 2013
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Toutes les illustrations que vous proposez sont des reprises de Maurice Sans, c’est à dire du XIX ème siècle à l’époque où la commedia n’est déjà plus qu’un lointain souvenir au théâtre. Les personnages ont déjà perdu ďe leur vivacité et ne sont plus pour certains que des marionnettes pour enfant, personnages très édulcoré. Il y a dans la production italienne et chez Jacques capot en lorraine des exemples plus proches en costume des types du XVIe XVII e siècle.
Cordialement
JfQ
Ns
Merci pour l’information