Ceci est un article pour tous les amateurs de bals napoléoniens…. A vous qui rêvez de grandes salles pour y danser vos quadrilles et valser avec vos crinolines, à vous que les fastes des bals d’Empire font rêver…. A vous qui vous plaignez aussi du manque d’espace pour danser…

Les descriptions qui vont suivre ont été rédigées en 1870 sur des petits carnets par la marquise de Latour Maubourg. Epouse de l’officier de cavalerie César du Fay de Latour Maubourg, député de la Haute-Loire et capitaine des chasses de la vénerie impériale, elle est la petite fille du maréchal Mortier, fille du deuxième duc de Trévise, pair de France du roi Louis-Philippe, sénateur de Napoléon III, maire et châtelain de Sceaux, elle est née en 1829.

On peut la voir, dans le célèbre tableau de Winterhalter représentant l’impératrice et ses dames du Palais, à l’extrême droite, dans une robe bleue nuit, un chapeau de paille d’Italie à la main.

Dame de la cour de l’impératrice, elle a noté dans de petits carnets ses observations, fines et savoureuses, sur la vie quotidienne au Palais des Tuileries…

… Les invitations dont on se préoccupe le plus à Paris sont celles des grands bals. Il suffit, pour être invité, d’être fonctionnaire ou femme de fonctionnaire, inscrit sur le registre de L.L.M.M. ou d’être recommandé par quelqu’un d’influent. Les ambassadeurs des puissances étrangères demandent pour leurs compatriotes. Bref, il y a 3 à 4000 invitations. Il vient 2à 3000 personnes.

Il y a un grand bal par semaine, trois ou quatre, selon la longueur du carnaval et jamais le jeudi, pour que le souper ne se trouve pas le vendredi. (le souper est à minuit après le bal et le vendredi est jour de jeûne) 

Un grand bal est très beau à voir et fait beaucoup d’impression, la première fois, malgré la chaleur et l’étouffement des salons mal disposés aux Tuileries pour ces fêtes, parce que toutes les pièces, galeries et salons se commandent. La circulation est impossible.

« On danse dans la salle des Maréchaux et dans la galerie de la Paix, au bout de laquelle, il y a un second orchestre. Une musique militaire joue dans le vestibule en bas, et du haut de l’escalier, à cette place si bonne pour voir arriver, on entend les deux orchestres à la fois. Il y a un buffet permanent dans la galerie des travées contre la chapelle.

Leurs Majestés ne dansent pas et c’est ordinairement par une valse que continue le bal commencé sur l’air de la Reine Hortense. Petit à petit, l’espace se resserre devant les souverains ; les femmes de ministres et les princesses ont leurs robes froissées ; les curieux se marchent sur les pieds.

Il y a 30 ° de chaleur. Les 3 orchestres mugissent ; le bal est à son apogée… Nous voyons du haut de notre banc les couples trop nombreux qui tournent dans 5 mètres carrés ; de temps en temps, les danseurs regardent trop exclusivement l’impératrice, heurtant la marche de l’estrade et se jettent par terre ; ils se relèvent et continuent à danser en riant.

Un éperon ou une garde d’épée accroche une robe et la victime tourne en déroulant 6 à 10 mètres de dentelles ; on voit des robes trop longues, des dames qui ont l’air d’être en robe de dessous, d’autres qui semblent avoir mis plusieurs robes, l’une sur l’autre.

Fête de mariage second Empire
Fête de mariage

Il y a une jolie personne sur 200 laides. Tout cela tourne, saute et glapit, remue, miroite devant les yeux jusqu’au moment ou les douze coups de la grande horloge, dominant le bruit de l’orchestre et des invités, donnent le signal de la délivrance… Les Souverains se retirent… La foule soupe et peu à peu s’écoule…

Après les grands bals, il y a les petits bals que l’on appelle les ‘lundis de l’impératrice”. On y engage environ 1000 personnes ; ce sont de très jolies fêtes que ces lundis ou l’impératrice fait valoir ses talents de maîtresse de maison, en se faisant présenter débutants et débutantes par la Princesse d’Essling…”

Voila, j’avais envie de partager avec vous ces quelques lignes de la marquise de Latour Maubourg qui m’ont enchantées et dont vous trouverez de plus larges extraits sur le lien suivant :

La vie à la Cour des Tuileries sous Napoléon III